lundi 7 mai 2007

Nicolas Sarkozy, l'effet "Forrest Gump" et le meilleur des mondes

Pour poursuivre sur le thème des présidentielles, je voudrais me confesser d'un étrange sentiment qui s'est emparé de moi, dimanche soir après l'annonce officielle des résultats, lorsque Nicolas Sarkozy s'est exprimé devant les téléspectateurs.

Avant toute chose, je précise que je n'ai pas voté pour ce candidat.

Je l'ai écouté attentivement, pensant que les premières paroles d'un nouveau président de la république étaient très importantes, qu'elles pouvaient donner des indices sur ce qu'il allait réellement faire avec ce pouvoir suprême nouvellement acquis.

Que les choses soient claires, je ne suis pas politicien, et si je ne pense pas être abruti, je suis tout à fait conscient que je peux faire preuve de naïveté sur le plan politique, comme beaucoup de gens d'ailleurs. Je ne vais donc pas donner ici un avis sur la politique, mais un avis sur l'homme et ce que j'ai ressenti en l'écoutant. Cependant, juste une parenthèse en passant, il a dit certaines choses avec lesquelles je suis en net désaccord.

L'effet "Forrest Gump"

En fait, et en réalité j'ai un peu de peine à l'admettre, car je ne porte pas vraiment cet homme dans mon coeur, j'ai été très ému par ses paroles. J'ai ressenti de véritables accents de sincérité dans son discours, et une émotion profonde et sincère. A cet instant là, j'en suis certain, non seulement Nicolas Sarkozy s'est senti comblé et ayant réalisé le rêve probablement le plus fort de son existence, mais il s'est aussi senti happé par un sentiment d'amour véritable pour les français (et pour la France). Dimanche 6 Mai 2007 à 20 h 30 environ, cet homme avait dans les yeux la lueur de l'homme qui veut véritablement faire bouger les choses et oeuvrer à l'amélioration de la condition humaine et des opprimés. Je ne saurais dire s'il s'agissait d'une émotion passagère ou d'un réel trait de caractère. Il m'a énormément surpris en tout cas, je dois bien l'avouer.

Quel lien avec "Forrest Gump" ? Et bien, je ne sais pas si je suis le seul à ressentir cela, mais je ressens parfois une émotion particulière lorsque des individus réels ou fictifs parviennent à se dépasser. Je cite régulièrement ce film lorsque je veux illustrer cette belle émotion car il comporte plusieurs scènes qui font naître en moi ce sentiment. Je trouve qu'un humain qui parvient à se dépasser, physiquement, moralement, intellectuellement, qui se transcende pour une cause qui lui est chère, pour une personne ou une communauté qu'il aime, est sublime et profondément émouvant. On y sent comme une quête d'absolu, et l'on y décèle la pureté intérieure de l'humanité, qui aspire (parfois...) non seulement à faire de son mieux, mais même à s'améliorer et à se dépasser continuellement par amour pour autrui. C'est du moins mon sentiment.

De plus, par un étrange hasard, le patronyme de Forrest contient "UMP" (je n'ai réalisé cela que bien après la rédaction initiale de cet article, ce paragraphe est un ajout ultérieur) !

Bien. Je me suis confessé, moi le gauchiste, anarcho-toltèque à tendance bouddhiste, j'ai été ému par le discours de Nicolas Sarkozy après son élection.

Un monde meilleur ou le meilleur des mondes ?

Mais je vais poursuivre un peu ma réflexion. Car en admettant que j'aie raison, et que la lueur d'empathie observée dans les yeux de N. Sarkozy fusse bien réelle, que faut-il en déduire ? Quelle va être l'influence de ce sentiment sur sa façon de gouverner ? Quelle est pour lui, en toute sincérité, la "meilleure façon" d'aider les français à être plus heureux ? Pour commencer à entrevoir où je veux en venir, prenons un exemple caricatural : Pour qu'un français soit heureux, étant donné a quel point il est râleur, il faudrait soit le lobotomiser (éventuellement une lobotomisation soft à coups d'uniformisation de la pensée et de matraquage médiatique), soit le rendre heureux de travailler et le faire travailler sans relâche...

Je rebondis ici sur le rapprochement qui a été fait par certains entre N. Sarkozy et Hitler... Il n'est pas dans mon propos d'aller dans ce sens, encore une fois je ne suis pas politicien, ni historien, et ce n'est pas parce que les deux personnages auraient été traités d'inquiétants par leurs contemporains avant leur élection, que je vais en conclure quoi que ce soit. Mais simplement, par association d'idées, j'ai pensé à ceci : Et dans la tête d'Adolph Hitler, qu'y avait-il au moment où il a été élu ? Une pensée me fait frémir. N'est-il pas tout à fait imaginable qu'il n'ait eu, lui aussi à cet instant, l'idée de vraiment changer les choses, et de contribuer à améliorer la situation de l'humanité ? Malheureusement cela semble très probable, et l'on voit ici à quel point il est important de comprendre ce que signifie "améliorer la condition humaine" dans la tête des personnes qui dirigent le monde.

Que les partisans de Nicolas Sarkozy ne s'offusquent pas. Je ne cherche pas à faire des associations sournoises ou à insinuer des choses à propos de leur protégé. Je laisse simplement ma pensée fureter librement et chercher à aller plus loin que la surface des choses par tous les chemins qui se présentent. J'aurais indifféremment pu prendre un personnage de gauche si l'actualité m'avait fourni des exemples, je ne stigmatise pas l'homme, mais la nature humaine.

Natural Born Président

Que de questions délicates finalement... Est-ce qu'un chef d'état trop énergique à vouloir changer les choses (indifféremment de sa coloration politique) est potentiellement dangereux ? Est-il au contraire indispensable pour faire évoluer nettement et durablement la société, dans le bon sens si possible, sans faire couler de sang (ou un minimum) ? Vivons-nous actuellement dans une société où il est plus important d'être énergique que diplomate ? Est-il possible d'engager des changements énergiques tout en respectant chaque citoyen et chaque peuple, et en faisant preuve de tact et de diplomatie envers les avis divergents ? Et la modestie, un homme d'état doit-il être modeste, doit-il être ambitieux ?

Je n'ai pas la réponse à ces questions, mais je suis curieux de voir ce que va faire (ou tenter de faire...) notre nouveau président dans les semaines à venir. A moins bien sûr que tout ceci ne retombe comme un soufflé raté, à peine la ferveur post-électorale appaisée. Il va de soi, je peux au moins dire cela, que je ne m'imagine pas que dans quelques mois la faim dans le monde et les raz de marée auront disparu grâce à Nicolas Sarkozy... Mais je suis curieux de voir comment ce sentiment initial va se cristalliser au travers des choix qu'il fera au cours des prochains mois.

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